Shyena redressa soudainement la tête, alertée par des bruits de pas sur les feuilles de la verdoyantes Militufaie d’Anakma, mais elle sourie en voyant qu’il s’agissait tout simplement de sa dragodinde, Eldorado, qui revenait de sa balade. Eldorado avait l’air de mauvaise humeur. Probablement n’avait elle pas trouvé d’abreuvoir convenable pour se désaltérer. La drago poussa un gémissement plaintif, et se résolut à s’asseoir à coté de Shy, qui s’était remise à écrire sur un bout de parchemin ayant traîné des mois dans son inventaire. Elle écrivait frénétiquement, et son petit texte augmentait de taille à une vitesse étonnante. Elle s’interrompit un instant, le regard vague, perdue dans ses pensées. Eldorado en profita pour lui jeter un regard hargneux et boudeur. Mais Shy ne lui accorda pas un regard. Elle acheva d’écrire son paragraphe en quelques mot, puis se redressa et s’étira, courbaturée d’être resté immobile si longtemps. Elle contempla son long texte, apparemment satisfaite. La jeune enrispa aurait voulut avoir un avis extérieure sur son œuvre, mais le seul être vivant aux alentours était sa dragodinde, qui n’était malheureusement pas d’une intelligence rare. Elle soupira, voyant Eldorado « hurler » de peur et se cacher derrière un rocher à la vue d’un simple piou rouge qui s’envolait parmi les arbres… Elle se résolut malgré ça à lui lire sa petite histoire. Son histoire, en fait.
J’étais encore très jeune quand je pris connaissances de mes grands pouvoirs, d’une puissance dépassant la normale. En effet, à mes 3 solticisphères, mes parents furent éberlués quand je soignais une vilaine plaie sur le bras de ma mère, causée par un sanglier, simplement en posant ma petite main dessus. Fascinée, ils m’inscrivirent aussitôt à la EAPPHC, l’Ecole pour les Aventuriers Possédant des Pouvoirs Hors du Commun. J’employais aussitôt toute ma bonne volonté pour décrocher les meilleures notes dans toutes les matières, même si pour les soins j’éprouvais plus de facilité que pour les dommages. Ce n’étais vraiment pas une mince affaire, aussi fus-je rapidement épuisée par tout ce travail. Heureusement pour moi, la nature m’avait doté d’une grande intelligence, mais la sagesse n’était vraiment pas mon fort. Mais je m’égare.
Aussitôt mon éducation terminée, je décidais de me lancer à la formidable quête des dofus, comme beaucoup d’aventuriers. En raison de ma grande gentillesse et de ma générosité, je me fis aussitôt beaucoup d’amis, qui m’aidait dans tout ce que j’entreprenais. Je les aidais aussi volontiers, car j’aimais beaucoup me rendre utile … Je pense que j’avais également un certain charme, car j’avais beaucoup d’admirateurs… Je progressais ainsi à mon rythme dans le merveilleux monde des douze, où j’étais bien décidée à trouver tous les secrets que celui-ci cachait. Plutôt riche à cette époque, je m’achetais régulièrement des équipements qui, par leurs propriétés magiques, me rendaient plus puissante. Ravie de mes réussites, j’achetais même une maison en bord de mer, du côté de Sufokia, et j’intégrais la rayonnante Deus Solaris, où je m’investis du mieux que je pouvais et devint amis avec bon nombre des personnes de la guilde.
Malheureusement, un jour, je décidais d’aller me baigner et enlevais mes équipements. Je posais tout sur la plage et mis la clef de ma maison dans ma poche. Un feca sournois (faut pas se fier aux apparences!) qui passait pas là piqua mes équipements. Affolée, je me dépêchais de rentrer chez moi, où toutes mes richesses étaient entreposées dans ma maison, je n’avais rien d’autre. Ma fidèle dragodinde Eldorado avait un double de la clef accrochée a sa selle, et elle courra le plus vite possible jusqu’à ma maison, du haut de ses grandes pattes. Malheureusement, en arrivant, je découvrais une maison pillée, sans rien à l’intérieur… Désemparée, honteuse, je quittais ma maison, des gros regrets pleins le ventre… Je décidais de faire une pause, et revint chez mes parents, qui étaient ravis de me revoir et fier de moi, malgré cette grosse bêtise sur le bord de la plage, et je passais chez une petite vie tranquille de paysanne, sans évoluer, sans rien apprendre… J’errais ainsi pendant plusieurs mois, regardant le temps passer avec lassitude, le bonheur bien lointain à présent.
Mais grâce à de vrais amis, qui ne m’avais pas abandonné, le goût de l’aventure revint vite en moi, et je me fabriquais une panoplie encore plus puissante que la précédente. J’intégrais Imazine, une guilde fort sympathique mais où je ne trouvais pas véritablement ma place. Je découvris très vite le problème : Deus Solaris me manquait. Alors, prenant mon courage à deux mains, je me fit une promesse : réunir tout mes efforts pour retrouver mes vrais amis, ceux qui m’aideront coûte que coûte. J’espère être bientôt de retour parmi eux, et les revoir tous, Tim, Kino, Klip, Shtromph, Josa, Best, Malllo, Ewen, Creos et puis tant d’autres … Voir ce qu’est devenue Deus en mon absence. Rattraper les épisodes manqués, peut être.
Shy.
Satisfaite, Shyena regarda sa drago, attendant une réaction, si infime soit elle, de sa part. Mais se prit la tête dans les mains quand elle vit qu’Eldorado se tapait le crâne à grand coup contre un chêne dans l’espoir de voir tomber un gland. Agacée, Shy regardât le ciel et fut surprise de voir que la nuit tombait, qu’il était déjà tard. Alors elle appela sa drago, qui vint vers elles en roulant des yeux et en bavant, un peu sonnée de s’être tapée la tête aussi fort, et Shy l’enfourcha, en partant en direction du soleil couchant. Elle se demandait bien ce qu’il se passerait dans son futur…